Quantcast
Channel: Happygay - Blog d'un homo manceau - Tag - gouvernement
Viewing all articles
Browse latest Browse all 2

Vous regardez la télévision ? La télévision vous regarde.

$
0
0

Le fait est assez rare pour en faire la publicité, Christine Albanel, Ministre de la Culture a demandé l'ouverture d'un forum qui recueillera nos avis sur la télévision publique sans publicité, réforme voulue par l’Elysée.

Cette vidéo est à chier (comme quoi la télé, c'est pas un truc qui s'improvise), mais l'idée à le mérite d'exister et c'est bien là le principal. Vous pouvez vous aussi réagir, comme je l'ai fait, en allant sur le Forum du Gouvernement.

Le forum du Gouvernement donne en préambule des pistes de réflexion. Des pistes de réflexion, certes, intéressantes mais qui écartent d’un seul revers de la main la question qui est au centre du débat sur la télévision publique, à savoir la publicité. Le fait d’occulter cette question me laisse entendre que la fin de publicité est définitivement acquise avant même que celles et ceux qui regardent et donnent une raison d’être à la télévision soient consultés. Aussi, je profite de ce forum pour m’exprimer sur cette question et laisse en suspend les pistes proposées, exception peut-être de la toute dernière à laquelle je réponds brièvement : l’adéquation avec les attentes des téléspectateurs se fait par le dialogue et les propositions. A ce titre, France Télévision fait déjà le nécessaire, prenant le temps de répondre au courriers des téléspectateurs et proposant des programmes différents - même si ce n’est pas en permanence, ce qui me semble normal si on souhaite aussi proposer des programmes fédérateurs auprès du plus grand nombre.

J’en arrive à la question de la publicité. Il me semble que nous avons en France, au regarde ce qui peut se faire dans d’autres pays voisins ou non, la très grande chance d’avoir un service de télévision publique qui repose à la fois sur des subventions d’État et des produits générés par la commercialisation d’espaces d’affichage. Il m’apparait que cet équilibre est le garant à la fois d’une certaine autonomie vis à vis de l’État tout en permettant à l’État d’avoir son mot à dire, et également le moyen offert aux chaines publiques de rester en bonne position dans le paysage audiovisuel français en raison des moyens financiers qui peuvent être investis dans des programmes de qualité. Imaginons ce qui pourrait se passer si toutefois la télévision publique venait à se trouver interdite de toute publicité.

Premier scénario, l’État devenant unique financeur du groupe France Télévision pourrait également devenir le grand marionnettiste de la chaine. En cas de désaccord avec les orientations des dirigeants des chaines, l’État pourrait décider de diminuer le montant des crédits. De loin le meilleur (ou le pire, tout dépend du point de vue) moyen de pression. Il ne faut pas non plus perdre de vue que c’est le CSA qui nomme à sa tête le président du Groupe France Télévision, lequel CSA est composé de sages eux-même désignés directement ou indirectement par le gouvernement en son plus haut représentant. On dira que ces organismes sont appelés à travailler en toute indépendance. On sait jusqu’à quel point l’indépendance est fragile quand il est question de pouvoir, et les médias sont des pouvoirs sans l’ombre d’un doute.

Le deuxième scénario serait que la suppression de la publicité sur les chaines de télévision publique soit un tremplin exceptionnel pour les chaines privées. En mettant de côté les chaines de la TNT, pour l'heure encore trop faibles en audience en comparaison des six premières chaines, c'est en gros la moitié du temps d'antenne alloué à la publicité qui est appelé à disparaitre. Ce temps n'est pas extensible, en vertu des accords entre les chaines et le CSA aux termes des conventions qui les lient. Ce serait alors le mécanisme de l'offre et de la demande avec une flambée des prix des écrans publicitaires. Le cours des titres de TF1 et M6 a clairement montré, à l'annonce de la disparition de la publicité, que ce n'est pas exagéré. A la clé, les chaines privées se doteraient par effet de levier de moyens financiers encore plus importants qu'aujourd'hui. Comment la télévision publique pourrait alors faire front ? Augmenter le montant de la redevance ? Très impopulaire. Transférer des budgets d'État ? Peu envisageable étant donné la conjoncture. Privatiser les chaines publiques ? A priori la solution la plus facile à mettre en oeuvre et la mieux acceptée par l'opinion publique. Un scénario qui, pour ma part ne me convient pas.

Je n'imagine pas d'autres scénarios solides qui puissent se réaliser hors mis ceux-ci. Aussi, il me semble que la question principale, pour ne pas dire urgente, n'est pas de savoir "quelle doit être la marque de fabrique des médias du service public" ou encore "quels engagements faut-il avoir relativement à la teneur des contenus", mais de savoir si l'État souhaite, oui ou non, garder la télévision publique en vie.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 2

Trending Articles